vendredi 3 décembre 2010

L'EFFRAYANTE PUDIBONDERIE DU NET

Lorsqu'un site internet est lancé, il convient de le "référencer", c'est-à-dire de le positionner dans des annuaires pour que dieu Google puisse reconnaître des liens conduisant les internautes sur le dit site. C'est essentiel pour espérer quelques visiteurs.

Ainsi fut fait pour Qulte, librairie érotique, dont vous vous pouvez juger du contenu "pornographique" en cliquant sur le lien. Ce site a été pensé pour ne choquer la sensibilité de personne et pour qu'aucune image ne puisse heurter les plus jeunes : des seins, des fesses, mais rien de plus que ce qu'on peut voir à heure de grande écoute à la télévision.

Donc, pas étonnant de recevoir un e-mail de refus d'un site "adultes", considérant, à juste titre, qu'il n'y avait aucun contenu correspondant à sa thématique dans la librairie en ligne. Las ! Dans la même salve de courriels, un annuaire généraliste, parmi les plus importants, refuse à son tour de référencer Qulte. Motif : contenu pour adultes.

Passablement énervés (nous avions vu le coup venir), nous demandons les motifs tangibles de refus. Manifestement étonné de notre réaction, et franchement désarmé, l'administrateur de l'annuaire se fend d'un argument béton, en l'occurrence cette image, gravure attribuée au Marquis de Sade.


Pour ne pas induire le jugement, j'ai ici laissé l'image en question à la dimension à laquelle elle se trouve sur le site, sans qu'on puisse "cliquer pour agrandir". C'est vrai qu'un adulte ou un adolescent éclairé verra dans cette gravure une évocation explicite des sexualités plurielles. Mais qu'y verra un enfant ? De la violence ? Du sexe ? Non, je ne crois pas. En tout cas pas à la dimension d'un timbre-poste.


A ces interrogations, le webmaster de l'annuaire semble répondre qu'il est gêné par l'évocation d'une sexualité entre hommes. Nous y voilà. Remarquez bien que le tableau représentant Gabrielle d'Estrée pinçant le téton de sa propre sœur (qui est l'illustration principale du site) ne semble pas l'avoir choqué outre mesure.

Bref, le monsieur s'était mis en tête qu'il lui fallait outrepasser les recommandations légales concernant la protection des mineurs, et qu'il allait appliquer ses propres normes à cette question, normes teintées, soit dit en passant, d'un je-ne-sais-quoi d'homophobie. Les ouvrages interdits aux moins de 16 ans présents sur la boutique sont rares, et sont rigoureusement signalés (encore faut-il pouvoir les acheter avec une carte bleue).

Alors, c'est vrai, un mineur pourrait très bien venir s'émoustiller sur quelques couvertures d'ouvrages présentes sur le site. La belle affaire ! A quand un "parental advisory" sur les pages lingerie de La Redoute ? Et surtout, car c'est la question qui nous intéresse, des salles réservées au public majeur au Louvre ou à Orsay, où l'on dissimulerait aux yeux de nos chères têtes blondes Gabrielle d'Estrée, Sardanapale, La Vénus de Milo, Le Déjeuner sur l'Herbe ou l'Origine du Monde ?

Le modérateur zélé conclue notre échange de courriels en insistant sur sa responsabilité vis-à-vis des jeunes publics. Quant à sa responsabilité vis-à-vis de la liberté d'expression. Voilà une autre affaire.
Mais soit, laissons l'érotisme et la sexualité sur internet au gonzo, au hard-crade et tutti quanti, jamais un mineur n'osera cocher la case "je suis majeur". Jamais…

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Ce blog non-pornographique est rédigé par un jeune couple libertin d'une trentaine d'années.
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IDEES LIBERTINES
(lien pour adultes)